Découvrez en quoi et pourquoi nos textes ne se conforment pas à certains codes littéraires, notamment en ce qui concerne l’utilisation des guillemets dans les dialogues ou le tiret cadratin pour mettre en exergue les incises.
Les plus puristes d’entre vous auront sans doute remarqué que nos textes ne se conforment pas à certains codes de mise en forme littéraire. Contrairement à ce que certains (probablement de l’Académie française) pourraient songer, notre but n’est pas d’aller à l’encontre du manifeste pour La Deffence et Illustration de la Langue Francoyse et des règles édictées par Joachim du Bellay en 1549. Au contraire, nous aimons et respectons cet idiome parfois absurde de complexité.
Énoncez le mot « oiseaux », si riche en lettres et en voyelles.
« O-a-z-o », direz-vous, à la grande confusion des étudiants étrangers.
Force est de constater qu’une langue qui n’évolue pas est une langue morte. Qui parle encore le latin ou le grec ancien couramment, sinon les érudits ? Ceux-là doivent à tout prix en préserver les reliquats lorsqu’ils prononcent, avec une intonation devinée, des mots embaumés de déférence.
Le français cependant n’est pas en oraison funèbre, et continue de bondir de bouche en lèvres en s’inventant et se redécouvrant chaque fois qu’il entre en contact avec un esprit créatif ou une situation incongrue. C’est donc par amour de la langue que nous souhaitons, tout en respectant la majorité des règles établies qui en font la substantifique moelle, innover et l’enrichir par endroit.
De notre remise en question des conventions littéraires
Il existe plusieurs types de littérature. Les dits « romans de gare » cherchent à divertir, les essais à informer et, entre ces affections, certains se fient aux propos de Beaumarchais au sujet de la comédie, qui en parle comme d’un « art dont la loi première, et peut-être la seule, est d’amuser en instruisant ».
Les éditions du Transimaginaires ont pour vocation de suivre cette troisième voie dans le fond et dans la forme de leurs œuvres. Ainsi vous découvrirez parfois, au détour d’une page, des termes nouveaux ou des pratiques étonnantes. Les littératures de l’imaginaire interrogent le monde ; n’est-il pas tout naturel que leurs plumes aiment aussi à se questionner sur la matière même des mots ?
Du guillemetage des dialogues
Ces signes qui servent à délimiter une prise de parole peuvent être suivis de tirets semi-cadratins pour séparer les interlocuteurs — qui n’ont pas toujours eu le luxe de bénéficier d’un alinéa pour plus de clarté. « Non ? — Non. »
La mode est à la mondialisation* (*nom féminin apparu au XXe siècle). En observant les us et coutumes de nos voisins d’outre-Manche, j’ai remarqué que leur placement des guillemets au sein d’un dialogue rendait le début et la fin de ladite phrase plus facile à appréhender en présence d’incises. « Ainsi, me dis-je, si les guillemets anglais “apostrophes” sont moins aisés à lire car ils se différencient moins que les nôtres, leur positionnement est cependant plus fortuné. » Ce constat m’amena à d’autres décisions. « Penses-tu qu’il serait-bénéfique de les utiliser de la même manière dans notre langue si loquace ? », me demandai-je avec circonspection, sachant pertinemment que : « Les Académiciens sont réputés pour attaquer avec véhémence l’évolution de nos pratiques… »
« Certes, mais je ne connais aucun Académicien. »
Ainsi je fus en paix avec moi-même et décidai d’implémenter le positionnement des guillemets de dialogue « à l’anglaise » au sein de mes écrits. Et s’il me parvient un jour une voix sépulcrale qui s’indigne de cette pratique, je lui demanderai « Comment va le latin ? ».
« Un guillemet “français” en chevrons doubles ouvre le bal. Puis, si plusieurs dansent ce tango…
— On passe à la ligne, comme il est d’usage, ainsi qu’à la prochaine figure », avec une incise nettement délimitée lorsque c’est nécessaire, et de la longueur que l’on souhaite, sans craindre de perdre son lectorat. « Finalement, si on ne s’emmêle pas, le ballet s’achève par un guille guilleret. »
De l’usage du tiret cadratin dans le corps de phrase
Ce tiret long peut servir — lorsqu’on le souhaite — à circonscrire une incise qui s’impose dans le corps de phrase plutôt que de murmurer (délicatement) son propos à la façon des parenthèses. Cependant, les intervalles situés de part et d’autre du cadratin, non contents de briser l’esthétique du gris typographique, ne concourent pas visuellement à la clarté du texte.
Prenons donc exemple sur nos voisins —du sud— et accompagnons les Espagnols dans leur utilisation de ce caractère en ôtant les espaces qui délimitent la proposition qu’elles encadrent.
Ce manifeste s’agrémentera de nos enrichissements typographiques au fur et à mesure de nos publications. Les règles s’appliquant à tous nos textes seront consultables ici, tandis que les nouveautés afférentes à un récit en particulier seront détaillées dans des articles séparés qui seront ajoutés en lien ci-dessous.